mercredi 27 avril 2016

visite commentée de l’exposition « Regards sur les commerces d’autrefois"

L’association Témoignage d’un passé vous propose le mercredi 4 mai 2016

De 14 heures à 15 heures, la visite commentée de l’exposition « Regards sur les commerces d’autrefois, de 1870 à 1940 ». Partez à la découverte des petits et grands magasins de Nouméa, des stores de brousse, des marchés…


A la Maison Célières,
21, route du Port Despointes, Faubourg Blanchot
Le tarif est de 200 Frs par personne
Sur inscription au 77 83 73 ou atupnc@lagoon.nc 

vendredi 22 avril 2016

Les Calédoniens ont rendez-vous avec les années 1960

L'association Témoignage d'un Passé propose pour les Nuits des Musées, organisés par l'AMEP-NC, une soirée sur le thème des loisirs dans les années 1960 en Nouvelle-Calédonie.

Pourquoi les années 1960?

  • Parce que les nuits des musées nous permettent de mettre en avant nos collections qui s'arrêtent à la fin des années 1960. Disques vinyl, transistor... c'est l'occasion de les présenter aux jeunes générations et de raviver nos souvenirs. 
  • Parce que 1960, c'était il y a cinquante ans et qu'il est temps de se positionner et de déterminer ce qu'on retient de cette époque.  
Quel programme?
Préparez-vous à une soirée très animée dans un décor plus vrai que nature à la Maison Célières.
Souvenez-vous du Faubourg Blanchot dans les années 1960... Le ciné drive in Alyzé ça vous parle? Et les croque-monsieur?

Tous les loisirs des jeunes de l'époque seront abordées: musique, danse, cinéma, émissions radio et tv, littérature, jeux de société...

Ne vous attendez pas à rester passif, vous faites partie du spectacle! Révisez vos classiques car vous serez peut-être interrogé pour le jeu des Mille francs...

Sortez vos tenues et venez revivre avec nous le Nouméa des années 1960 à la Maison Célières.

Entrée libre, sans réservation de 18h à 21h.

21, route du Port Despointes
Renseignements: 77 83 73.


mercredi 20 avril 2016

La tunique de Frederick James Martin



Le centenaire du plus meurtrier des conflits du XXème siècle est l’occasion pour notre association de présenter quelques objets que des familles calédoniennes nous ont confiés et que nous souhaitons mettre à l’honneur par une petite série d’articles sur notre blog ou sur notre page Facebook. Mais il ne s’agissait pas pour nous que de montrer un simple objet, mais bien de le replacer dans son contexte, et retrouver son histoire, ou tout au moins celle de la personne qui le possédait alors.

Aujourd’hui : la tunique de Frederick James MARTIN

Membre de notre association depuis de nombreuses années, Ronald, le fils de Frederick, nous a confié cette tunique en 2006, pour l’inauguration de l’exposition consacrée aux habitants de Païta dans la Grande Guerre, au sein de la villa-musée.
Cette veste avait subit les affres du temps et des insectes, aussi, l’association Témoignage d’un Passé s’est attaché les services compétents d’une ancienne costumière de l’Opéra de Paris, Sophie BOSSé, qui l’a restaurée durant l’année 2013.

Frederick James MARTIN est né le 16 novembre 1884 à Nouméa et décède le 4 août 1968 à Nouméa.

Il est le fils d’Augustus né le 10 avril 1841 à Portsmouth, décédé le 8 octobre 1898 à Tonghoué, et de Mary Aitken HENRY née le 17 juin 1847 à  Glascow, décédée le 30 octobre 1929 à Nouméa.

Frederick est donc de nationalité Britannique.

Il est le 8ème d’une fratrie de 10 enfants dont voici la liste :

Emily Agnès, née le 20 février 1869 à Nouméa, décédée le 11 avril 1955 à Sydney
Mary Elisabeth, née le 04 décembre 1870 à Nouméa, décédée à Sydney
Agnès Clara, née le 05 septembre 1873 à Nouméa, décédée le 16 juin 1958 à Nouméa,
Amélia Ann, née le 22 janvier 1876 à Nouméa, décédée le 08 septembre 1877,                       
Auguste Paddon, né le 16 décembre 1877 à Nouméa, décédé le 15 mai 1896 à Païta,
Henry Edwin, né le 17 février 1880 à Nouméa, décédé le 23 décembre 1905 en Australie,
Alice Ellen, née le 10 juillet 1882 à Nouméa, décédée le 28 juillet 1886.
Frederick James
Ruby Ada née le 26 juin 1887 à Païta, décédée le 18 août 1973 à Nouméa
Margaret Ann née le 04 août 1890 à Païta, décédée le 08 avril 1973 à Nouméa

 
Il passe sa jeunesse à Païta chez ses parents, son père Augustus ayant en charge l’exploitation familiale.
Il va l’école des Frères Maristes de « Saint Léon » à Païta puis au Collège à Nouméa.

A 17 ans il part pour Sydney et dès 1902 il commence son apprentissage au chantier naval et industriel de Mort’s Dock.
Il apprend le travail du bois et du fer et ainsi que le dessin industriel.
Il travaille ensuite au département des chemins de fer « Existing Lines Department».
En décembre 1912, Frederick entre au « New South Wales Public Works » dans la société « Northem Griffits & Company ».

Lors du passage à Sydney du premier contingent de combattants calédoniens en partance pour le front, en avril 1915, il y rencontre plusieurs amis.


 Escale en Australie, à Sydney, du contingent calédonien en avril 1915. Frederick James (le second debout, en képi, en partant de la droite) et 2 calédoniens de nationalité australienne (aussi en képi) rencontrent leurs amis partant pour le front. (Collection Ronald MARTIN)

Après quelques mois durant lesquels il pense à ses amis calédoniens, il décide qu’il est de son devoir de les rejoindre au combat. Mais, comme nous l’avons vu plus haut, Frederick n’est pas de nationalité française. Aussi, en Janvier 1916, il démissionne pour s’engager dans l’armée australienne.

Le 20 janvier 1916, il intègre la Compagnie des « Field Engineers » (Arme du Génie australien) comme sapeur, au sein de la 1st Australian Imperial Force, le corps expéditionnaire australien.



Frederick en uniforme, pris en photo un dimanche où il était de garde au camp de Moore Park (Collection Ronald MARTIN)


La compagnie des « Field Engineers » avant son départ de Sydney (Collection Ronald MARTIN)


Il embarque sur le transport de troupes MAKARINI en mars 1916, passe par l’Océan Indien, le détroit de Gibraltar et arrive à Plymouth en Angleterre le 4 juin 1916.
Le Transport de troupes Makarini en route pour Front (Collection Ronald MARTIN)

Sa compagnie est ensuite dirigée vers le camp d’entraînement de Christchurch, puis à Brightlingsea avant de rejoindre le front en France.
 Exercice de creusement de tranchées en Angleterre. (Collection Ronald MARTIN)

 Frederick se verra affecté essentiellement dans la région du Nord de la France, notamment aux environs d’Armentières.



En France en 1917. Frederick, en compagnie de camarades, se tient debout, à droite sur la photo. (Collection Ronald MARTIN)


Sa compagnie travaille surtout la nuit à creuser et à aménager les tranchées. C’est à cette occasion qu’il aura les mains brûlées par le gaz ypérite en reprenant ses outils après un bombardement.




Livret de solde (carnet de salaire) de Frederick James MARTIN. (Collection Ronald MARTIN)
Après l’Armistice, il séjourne un moment à Paris avant de repartir pour l’Angleterre puis l’Australie où il sera démobilisé en Août 1919.

S’apprêtait-il à se réinstaller à Sydney et à reprendre son ancien emploi ??

Mais un évènement inattendu survient : son beau frère Camille DEZARNAULDS, installé à Sydney depuis 1911, décède le 22 juillet 1919.

Frédéric revient en Nouvelle Calédonie.

Il s’installe définitivement à Païta et prend la direction de la succession de son Père Augustus et ainsi, la gestion de la propriété de Païta. Il gère également la succession de son beau frère Camille DEZARNAULDS et notamment la propriété de Tiaré.

Le 10 Août 1932 il épouse Emma Aimée Rose ENGLER. De leur union naît, le 17 mai 1934, un fils,  Ronald Andrew.

En 1955, la succession Augustus MARTIN devient la Société des Etablissements MARTIN dont il sera le gérant jusqu’à son décès le 4 Août 1968.

Ayant toujours gardé le contact avec ses camarades Anciens Combattants de Nouvelle Calédonie,  ces derniers le considéraient, malgré sa nationalité britannique, comme un des leurs. Et à ce titre, à son décès, le Président de l’Association des anciens Combattants l’honorera en offrant, pour sa tombe, la Palme des Anciens Combattants français.

ANECDOTE :


Alors qu’il se trouvait sur le front français dans le nord de la France, dans la région d’Armentières, Frederick James s’en allait un soir en bicyclette en direction d’un village proche de son camp, afin d’y récupérer quelques objets.
Sur son chemin se trouvaient plusieurs champs de cultures, et, sur l’un d’entre-eux, il se rendit compte qu’un autre soldat australien était en train de chaparder des pommes de terre. Comme il parlait aussi bien français qu’anglais, il s’amusa à l’enguirlander et l’insulter en français, se faisant passer pour le propriétaire du champs.
Son frère d’arme, qui ne l’avait pas reconnu, ne se fit pas prier et pris ses jambes à son cou, abandonnant sur place le sac contenant le butin.
Frederick James le récupéra, fit sa course au village et revint auprès de sa compagnie, l’air crâne et généreux, à laquelle il remit le précieux sac.


La tunique :




La tunique n’est pas du modèle réglementaire de l’homme de troupe australien et il y a de très fortes chances qu’il s’agisse d’un achat personnel, confectionné très certainement chez un tailleur privé, pour une tenue de sortie.
Cette pratique est courante dans beaucoup d’armées, et on la retrouve très fréquemment dans l’armée française.
Ce type d’uniforme est aussi dénommé : « tenue fantaisie »

Voici les détails qui permettent de s’en rendre compte :

-          La tunique est confectionnée dans de la gabardine kakie (réséda). Cette qualité de tissu n’étant pas celle que fournissait l’armée à la troupe, ses uniformes étant pour l’essentiel taillés dans du drap de laine,
-          les manches se terminent par un faux parement, tandis que sur le modèle réglementaire, on y constate un resserrement et une fermeture par bouton.
-          Les rabats de poches se terminent en forme d’accolades (comme pour les officiers) alors qu’elles devraient se terminer en pointe triangulaire.
-          Il manque la boucle et la patte de serrage de la fausse ceinture.
-          Sur ses épaulettes, on devrait retrouver les insignes des « engineers » (du Génie) en laiton (formé de la succession des lettres : ENGRS) porté sur la tenue règlementaire.


Ci-dessous, on peut voir la veste du modèle règlementaire porté par Frederick en 1916 (Collection Ronald MARTIN) :


D’une manière générale, la veste présente un côté esthétique certain, mais également pratique, comme le modèle règlementaire qui dispose de 2 poches de poitrine et 2 grandes poches de hanches.
Chez les français à cette époque, seuls les officiers et sous-officier ont droit aux 4 poches, quand la troupe n’a droit qu’à 2 poches (hormis sur le modèle « fantaisie »)  de hanches plus petites, le commandement considérant que l’homme de troupe n’en avait pas besoin ! Nos alliés étaient plus avancés au niveau « mentalité » !


Le dos de la veste présente aussi une certaine élégance (que les vestes d’officier français reprendront en cours de guerre), avec sa fausse ceinture, ses pinces permettant un resserrement de la taille et le pli vertical de bas en haut :



En bas de la manche droite, on distingue 4 chevrons bleus (Overseas Service Chevrons). Ceux-ci correspondent chacun à une période de 12 mois de service en dehors de l’Australie.



En remontant la manche droite, on constate 2 autres chevrons plus grands et de confection distincte, dans un sens inversé par rapport aux précédents, et de 2 couleurs différentes :
Il s’agit de galons permettant de reconnaître le grade du soldat. Dans le cas présent il s’agit d’un caporal.
Et la différence de couleur réside dans le simple fait que Frederick a d’abord été soldat de 1ère classe, avec la pose d’un premier chevron, mais lors de son passage au grade de caporal, le second galon qui lui a été fourni a tout simplement été réalisé par un autre fabriquant et des tonalités différentes que celle du premier galon. Les deux galons ont ensuite été cousus sur un tissu pour les solidariser.    


En haut de chaque manche, on peut distinguer l’insigne ovale et pourpre en flanelle de la 3ème Australian Divisional Engineers (la 3ème Division Australienne du Génie).




Positionnées à la base des pattes d’épaule se trouvent des insignes de laiton (normalement peints en un gris très foncé, mais ici, la peinture a disparu). Ces insignes représentent le nom du pays, ici l’Australie, permettant clairement d’être identifié. Chez les Britanniques ce même insigne portera le nom de l’unité (généralement rattaché à une région de la Grande-Bretagne).
L’insigne ci-dessous dispose de pattes rondes à chaque extrémité qui traversent la patte d’épaule de part en part, et dans lesquelles passe une goupille de maintient en laiton.



Sur chaque pointe de col de la tunique on distingue un insigne en laiton (normalement peint en un gris très foncé). L’insigne est maintenu par le même principe que pour l’AUSTRALIA ci-dessus.
Cet insigne, c’est le « Rising Sun » qui est l’insigne général de l’armée australienne. Son dessin aurait été inspiré par une sculpture composée de baïonnettes rayonnant autour de la couronne royale, qui trôna dans une caserne d’Adelaïde de 1893 à 1901. Cette sculpture orna par la suite le bureau du commandant en chef de l’armée australienne, à Melbourne, qui s’en inspira comme insigne du contingent australien envoyé en Afrique du Sud, pendant les derniers mois de la guerre des Boers (1899-1902). Le modèle de 1904 sera celui des corps expéditionnaires australiens des deux conflits mondiaux (1914-1918 et 1939-1945).



Frederick a fait rajouter des boutons pressions aux angles des pattes des poches, afin de les maintenir plaquées, et ce dans un souci d’esthétisme :


Après guerre, lorsque la fraîcheur se faisait sentir en début de soirée sur ses terres de Païta, Frederick affectionnait particulièrement de porter cette tunique (à laquelle il avait retiré tous les insignes métalliques pour éviter tout accrochage ou blessure). 

Remerciements pour les documents et informations :
-          Monsieur Ronald MARTIN



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