lundi 24 novembre 2014

Randocycleurs sur le Parcours du Faubourg




Les maisons du Faubourg Blanchot

Quel est le nom actuel de la « Vallée de l’Artillerie » ? Qui est Barthélémy Blanchot ? Qu’est-ce qu’un lambrequin, une crête de faîtage ?


Pour répondre à ces questions et beaucoup d’autres, 17 membres et invités de Randocycl’nc ont délaissé, une fois n’est pas coutume, les pistes bucoliques et poussiéreuses du Caillou pour sillonner les rues goudronnées du Faubourg Blanchot sur leur vélo. Pour l’occasion, Bruno a étrenné un superbe course Peugeot hérité de son oncle !
L’Association Témoignage d’Un Passé et la Ville de Nouméa ont édité un fascicule présentant près de 60 maisons coloniales suivant un itinéraire de découverte et c’est muni de cette brochure que les Randocycleurs ont remonté le temps architectural. Parcours urbain à la rencontre de l’histoire du Faubourg Blanchot et de Nouméa, qui célèbre en cette année 2014 les 160 ans de son existence, et surtout à la (re)découverte des maisons dites coloniales.
De magnifiques demeures souvent cachées par des haies fleuries ou protégées par des clôtures en fer forgé. De belles rencontres également avec des propriétaires qui comme Claire et Rémy nous ont ouvert leur jardin ou les résidents de l’ancienne église Sainte Marguerite nous invitant à visiter le parc.
Tracé urbain de 5 km effectué en… 2h30 tant les Randocycleurs ont été captivé par le charme des Demoiselles du Temps d’Avant !
Direction ensuite le Centre ville de Nouméa. Le temps d’une pause devant l’ancienne Mairie (devenue Musée de la Ville » et la fontaine Céleste (point zéro des distances de Nouvelle-Calédonie), la sortie dominicale s’est terminée par un pique nique sur la Place des Cocotiers où se déroulait « Un dimanche en mode doux » initié par la Ville de Nouméa.


Un grand merci à Jean-Pierre.C et Marcel.M pour l’organisation de cette sortie culturelle et historique. L'association Témoignage d'un passé est ravie que la brochure puisse permettre à chacun de visiter ce merveilleux quartier du Faubourg.










vendredi 14 novembre 2014

CENTENAIRE DE LA GRANDE GUERRE- « Objets de la Grande Guerre » 1/3



100 ans déjà! L'association ne pouvait rester étrangère au centenaire de cette guerre qui a tant marqué les Calédoniens. Retrouvez le premier article d'une série dédié aux objets de la Grande Guerre appartenant à l'association Témoignage d'un Passé. Avant de les découvrir, retour sur leur premier propriétaire...
 
Aujourd’hui : les objets de Gabriel MALIGNON

Dans les années 1990, le 1er Président Honoraire de la Cour d’appel de Nouméa, Monsieur Jean MALIGNON, remettait au président de l’époque, Jean-Claude MERMOUD, un lot d’objets ayant appartenu à son oncle, Marie, Célestin, Gabriel MALIGNON, communément appelé Gabriel, « Mort pour la France » lors de la Première Guerre Mondiale…

Par le plus pur des hasards, notre président actuel achetait, fin des années 1990, chez un brocanteur, un lot de documents comprenant photographies et cartes postales. Ces dernières étaient toutes envoyées à une certaine Paula MALIGNON au Faubourg Blanchot, et étaient signé du prénom « Gabriel »…

Mais ce n’est que récemment que le rapprochement fut fait, s’agissant bien de la même personne…
Les cartes postales sont toutes écrites à l’attention de sa sœur Paula, de dix ans son aînée, et sont toujours conclues par son affection. Elles racontent tout simplement le quotidien du soldat, ses impressions, ses conditions de vie et les nouvelles des camarades ou du caillou…  

Aussi, après un petit regroupement de renseignements glanés de-ci de-là, malheureusement sans témoignage familial, mais avec le support des correspondances et photographies de ce héros calédonien, nous pouvions vous proposer ce petit historique sur Gabriel MALIGNON, autour des ses objets que la famille nous a fait l’Honneur de nous les confier…

  1. Origines

Marie, Louis, Célestin, Gabriel MALIGNON, est né le 21 juin 1889 à Nouméa.

Nota : Comme indiqué en introduction, le prénom Gabriel revient régulièrement. C’est celui que l’on voit en signature de ses correspondances, mais également sur les couronnes figurants sur les photographies de sa tombe. Nous continuerons donc de l’appeler Gabriel.

Il est le fils de Jean, Paul, Ernest, décédé le 26 août 1902 à Nouméa.
Sa mère, Marie, Julie OZOUX, décèdera le 10 juillet 1941 à Nouméa, après avoir dirigé et enseigné pendant de nombreuses années à l’Ecole MALIGNON, dans la même bâtisse où la famille résidait au Faubourg Blanchot… Cette bâtisse existe d’ailleurs toujours aujourd’hui, et figure en bonne place dans le guide du Parcours du Faubourg, édité par la ville de Nouméa en 2013, brochure à laquelle notre association a largement contribué.

Gabriel est le cadet d’une fratrie de 4 enfants et ses aînés sont :
  • Paul, Emile, Auguste, Joseph, né le 23 février 1876 à Nouméa
  • Jules, Ernest, Eugène, né le 31 décembre 1877 à Nouméa
  • Marie, Octavie, Ludovia, Paula, née le 4 mars 1880 à Nouméa (comme son frère Gabriel, elle se fait appeler par son 4ème prénom). Paula a travaillé avec sa mère et a continué à enseigner puis à diriger l’école après la mort de Julie Malignon – c’est le prénom sous lequel elle était connue (dans l’annuaire NC de 1946, l’école Malignon est toujours répertoriée dans les écoles libres)

 2. Gabriel et la Grande Guerre

Avant son service militaire en 1910, Gabriel travaille comme quincaillier (information indiquée sur sa fiche matriculaire).

Gabriel MALIGNON, certainement pris en photo dans le jardin familial du Faubourg Blanchot, à l’époque de son service militaire (Collection Eric MINOCCHI)

A la déclaration de la guerre, il est mobilisé le 4 août 1914, puis, après quelques mois, embarque à bord du  vapeur SONTAY, le 23 avril 1915, pour le front français, avec le 1er contingent de Calédoniens.

 
Gabriel peu de temps avant son départ pour la guerre (Collection Eric MINOCCHI)


Après soixante-trois jours de mer, il débarque à Marseille le 26 juin 1915. Il est dirigé avec son contingent vers le village de Saint-Maurice-de-Gourdans dans l’Ain puis au grand camp de la Valbonne (toujours dans l’Ain) où sont regroupées et entraînées de nombreuses unités de l’armée française.

  
Carte des premiers moments en Métropole, écrite lors du passage de Gabriel dans le village de Saint-Maurice-de-Gourdans (collection Eric MINOCCHI)
 

 
 




 
Cartes de Gabriel émises du camp de la Valbonne (Collection Eric MINOCCHI) 


En novembre 1915, les hommes du contingent calédonien sont répartis dans diverses unités d’Infanterie Coloniale. Gabriel est affecté au 9ème Bataillon du 6ème Régiment d’Infanterie Coloniale, de la 15ème Division coloniale, et passe soldat de 1ère classe.


Gabriel, en tenue Bleu Horizon, arborant au col le chiffre 6 de son Régiment et, au képi, l’ancre de l’Infanterie coloniale (collection Eric MINOCCHI)
 


Le premier contact avec le feu, pour les Calédoniens, a lieu dans l’Oise devant LASSIGNY, au bois des LO­GES à partir de février 1916.... Secteur calme apparemment, mais où les patrouilles entre les lignes, les coups de main, la guerre de mines, tenaient chacun en alerte. Gabriel change d’affectation, et passe au 5ème Régiment d’Infanterie Coloniale le 11 février 1916, toujours au sein de la 15ème Division Coloniale.



 


Correspondances de 1916, les plus récentes en notre possession, mais également les plus proches de son décès (Collection Eric MINOCCHI)



En juillet 1916, la division est transférée dans la Somme au Nord de BELLOY-en-SAN­TERRE. La brigade occupe ce qui restait des éléments de tranchées allemandes en avant de BARLEUX, pris par les troupes françaises quelques jours plus tôt.
La pression ennemie sur VERDUN devenait de plus en plus forte : les forts de DOUAU­MONT et de VAUX avaient été pris. Encore un dernier assaut estimait le Kronprinz et la forteresse de Verdun tomberait à son tour....

L’offensive qui devait être la bataille de la Somme, décidée en décembre 1915 par le commandement allié, fut déclanchée à la date qui avait été fixée, le 1er juillet 1916, à la jonc­tion des armées françaises et britanniques. Elle acheva de briser l’assaut allemand et finalement arrêta la pression ennemie sur la citadelle inviolée.

La 15ème Division reçoit, le 4 septembre 1916, l’ordre d’attaquer en direction de VILLERS-CAR­BONNEL (Somme). L’avance est forte, l’al­lemand recule encore, mais le front n’est pas percé il est colmaté devant BARLEUX au prix de contre-attaques sanglantes.

C’est lors des combats au sud-est de BARLEUX que Gabriel est blessé et évacué, mais il décède des suites de ses blessures le 5 septembre 1916, alors qu’il se trouve encore en ambulance de campagne.



Extrait du site « Mémoire des Hommes » du Ministère de la Défense.




La Médaille Militaire lui sera décernée à titre posthume le 26 décembre 1920, avec la citation :
« Vaillant soldat. Mortellement blessé, le 4 septembre 1916, près de Barleux, en faisant bravement son devoir ».
 


Extrait de la France Australe de février 1921


3. Détail des objets qui ont été ramené à sa famille par un de ses camarades, René METZGER




Ce sont essentiellement ceux d’un fumeur :

1°/ Une pochette de cuir fin contenant :

-          1 pipe,

-          1 briquet à mèche d’amadou réalisé avec la douille d’une balle de 8 mm Lebel sur lequel une molette a été adaptée (pour voir comment cela fonctionne : http://www.dailymotion.com/video/x8fj0u_briquets-a-amadou_lifestyle ),

-          1 balle de l’arrière de laquelle part un fil de fer. Cette balle sert à refermer le haut de la douille dans laquelle passe la mèche d’amadou, et éventuellement de cure-pipe…,

-          1 embouchoir à pipe en bois en cours de fabrication,

-          1 médaille religieuse du Saint-Cœur de Marie et du Saint-Cœur de Jésus

-          1 médaillon comportant les initiales GM de Gabriel MALIGNON, orné de fioritures



Détail de la médaille religieuse.
Détails du médaillon comportant les initiales de Gabriel
 


2°/ Une fiche de blessures concernant Gabriel MALIGNON 




Cette fiche de blessures ou de maladies de Gabriel MALIGNON était accrochée à son corps lors de son évacuation en ambulance de campagne. Etrangement, la fiche n’a pas été renseignée sur sa face imprimée, mais sur son verso… 




Photos de la tombe de Gabriel MALIGNON certainement en cimetière provisoire : on peut y distinguer sur le plat de la tombe, la couronne offerte par les camarades de Gabriel avec la mention « Les amis et calédoniens à leur regretté camarade tombé au Champ d’Honneur », et celle certainement de sa famille, posée sur la croix portant la mention : « A notre cher Gabriel » (collection Eric MINOCCHI)


Sources complémentaires et remerciements :

-          Archives de la Nouvelle-Calédonie

-          Livret anciens combattants de la Nouvelle-Calédonie

-          Madame Evelyne HENRIOT

-          Madame Maryline NIAUTOU

 

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