100 ans déjà! L'association ne pouvait rester étrangère au centenaire de cette guerre qui a tant marqué les Calédoniens. Retrouvez le premier article d'une série dédié aux objets de la Grande Guerre appartenant à l'association Témoignage d'un Passé. Avant de les découvrir, retour sur leur premier propriétaire...
Aujourd’hui :
les objets de Gabriel MALIGNON
Dans les années 1990, le 1er Président Honoraire de la Cour d’appel de Nouméa,
Monsieur Jean MALIGNON, remettait au président de l’époque, Jean-Claude
MERMOUD, un lot d’objets ayant appartenu à son oncle, Marie, Célestin, Gabriel
MALIGNON, communément appelé Gabriel, « Mort pour la France » lors de la Première Guerre Mondiale…
Par le plus pur des hasards, notre président actuel achetait, fin des
années 1990, chez un brocanteur, un lot de documents comprenant photographies
et cartes postales. Ces dernières étaient toutes envoyées à une certaine Paula
MALIGNON au Faubourg Blanchot, et étaient signé du prénom
« Gabriel »…
Mais ce n’est que récemment que le rapprochement fut fait, s’agissant
bien de la même personne…
Les cartes postales sont toutes écrites à l’attention de sa sœur Paula,
de dix ans son aînée, et sont toujours conclues par son affection. Elles
racontent tout simplement le quotidien du soldat, ses impressions, ses
conditions de vie et les nouvelles des camarades ou du caillou…
Aussi, après un petit regroupement de renseignements glanés de-ci
de-là, malheureusement sans témoignage familial, mais avec le support des
correspondances et photographies de ce héros calédonien, nous pouvions vous
proposer ce petit historique sur Gabriel MALIGNON, autour des ses objets que la
famille nous a fait l’Honneur de nous les confier…
Origines
Nota : Comme
indiqué en introduction, le prénom Gabriel revient régulièrement. C’est celui
que l’on voit en signature de ses correspondances, mais également sur les
couronnes figurants sur les photographies de sa tombe. Nous continuerons donc
de l’appeler Gabriel.
Il est le fils de Jean,
Paul, Ernest, décédé le 26 août 1902 à Nouméa.
Sa mère, Marie,
Julie OZOUX, décèdera le 10 juillet
1941 à Nouméa, après avoir dirigé et enseigné pendant de nombreuses années à
l’Ecole MALIGNON, dans la même bâtisse où la famille résidait au Faubourg Blanchot…
Cette bâtisse existe d’ailleurs toujours aujourd’hui, et figure en bonne place
dans le guide du Parcours du Faubourg, édité par la ville de Nouméa en 2013, brochure
à laquelle notre association a largement contribué.
Gabriel est le
cadet d’une fratrie de 4 enfants et ses aînés sont :
- Paul, Emile, Auguste, Joseph, né le 23 février 1876 à Nouméa
- Jules, Ernest, Eugène, né le 31 décembre 1877 à Nouméa
- Marie, Octavie, Ludovia, Paula, née le 4 mars 1880 à Nouméa (comme son frère Gabriel, elle se fait appeler par son 4ème prénom). Paula a travaillé avec sa mère et a continué à enseigner puis à diriger l’école après la mort de Julie Malignon – c’est le prénom sous lequel elle était connue (dans l’annuaire NC de 1946, l’école Malignon est toujours répertoriée dans les écoles libres)
2. Gabriel et la Grande Guerre
Avant son service militaire en 1910, Gabriel travaille comme quincaillier (information indiquée sur sa fiche matriculaire).
Gabriel MALIGNON,
certainement pris en photo dans le jardin familial du Faubourg Blanchot, à
l’époque de son service militaire (Collection Eric MINOCCHI)
A la déclaration de la guerre, il est mobilisé le 4 août
1914, puis, après quelques mois, embarque à bord du vapeur SONTAY,
le 23 avril 1915, pour le front français, avec le 1er contingent de Calédoniens.
Gabriel peu de temps
avant son départ pour la guerre (Collection Eric MINOCCHI)
Après soixante-trois jours de mer, il débarque à Marseille
le 26 juin 1915. Il est dirigé avec son contingent vers le village de
Saint-Maurice-de-Gourdans dans l’Ain puis au grand camp de la Valbonne (toujours dans
l’Ain) où sont regroupées et entraînées de nombreuses unités de l’armée
française.
Carte des premiers
moments en Métropole, écrite lors du passage de Gabriel dans le village de Saint-Maurice-de-Gourdans
(collection Eric MINOCCHI)
Cartes de Gabriel
émises du camp de la Valbonne
(Collection Eric MINOCCHI)
En novembre 1915, les hommes du contingent calédonien sont
répartis dans diverses unités d’Infanterie Coloniale. Gabriel est affecté au 9ème Bataillon du 6ème
Régiment d’Infanterie Coloniale, de la 15ème Division coloniale, et
passe soldat de 1ère classe.
Gabriel, en tenue Bleu
Horizon, arborant au col le chiffre 6 de son Régiment et, au képi, l’ancre de
l’Infanterie coloniale (collection Eric MINOCCHI)
Le premier contact avec le feu, pour les Calédoniens, a lieu
dans l’Oise devant LASSIGNY, au bois des LOGES à partir de février 1916....
Secteur calme apparemment, mais où les patrouilles entre les lignes, les coups
de main, la guerre de mines, tenaient chacun en alerte. Gabriel change d’affectation, et passe au 5ème Régiment
d’Infanterie Coloniale le 11 février 1916, toujours au sein de la 15ème
Division Coloniale.
Correspondances de
1916, les plus récentes en notre possession, mais également les plus proches de
son décès (Collection Eric MINOCCHI)
En juillet 1916, la division est transférée dans la Somme au Nord de
BELLOY-en-SANTERRE. La brigade occupe ce qui restait des éléments de tranchées
allemandes en avant de BARLEUX, pris par les troupes françaises quelques jours
plus tôt.
La pression ennemie sur VERDUN devenait de plus en plus
forte : les forts de DOUAUMONT et de VAUX avaient été pris. Encore un
dernier assaut estimait le Kronprinz et la forteresse de Verdun tomberait à son
tour....
L’offensive qui devait être la bataille de la Somme, décidée en décembre
1915 par le commandement allié, fut déclanchée à la date qui avait été fixée,
le 1er juillet 1916, à la jonction des armées françaises et britanniques. Elle
acheva de briser l’assaut allemand et finalement arrêta la pression ennemie sur
la citadelle inviolée.
La 15ème Division reçoit, le 4 septembre 1916, l’ordre
d’attaquer en direction de VILLERS-CARBONNEL (Somme). L’avance est forte, l’allemand
recule encore, mais le front n’est pas percé il est colmaté devant BARLEUX au
prix de contre-attaques sanglantes.
C’est lors des combats au sud-est de BARLEUX que Gabriel est blessé et évacué, mais il
décède des suites de ses blessures le 5 septembre 1916, alors qu’il se trouve
encore en ambulance de campagne.
Extrait du site
« Mémoire des Hommes » du Ministère de la Défense.
La
Médaille Militaire lui sera décernée à titre posthume le 26
décembre 1920, avec la citation :
« Vaillant soldat. Mortellement blessé, le 4
septembre 1916, près de Barleux, en faisant bravement son devoir ».
Extrait de la France Australe de février 1921
3. Détail des objets qui ont été ramené à sa famille par un de ses camarades, René METZGER
Ce sont essentiellement ceux d’un fumeur :
1°/ Une pochette de cuir fin contenant :
-
1 pipe,
-
1 briquet à mèche d’amadou réalisé avec la douille
d’une balle de 8 mm
Lebel sur lequel une molette a été adaptée (pour voir comment cela
fonctionne : http://www.dailymotion.com/video/x8fj0u_briquets-a-amadou_lifestyle
),
-
1 balle de l’arrière de laquelle part un fil de fer.
Cette balle sert à refermer le haut de la douille dans laquelle passe la mèche d’amadou,
et éventuellement de cure-pipe…,
-
1 embouchoir à pipe en bois en cours de fabrication,
-
1 médaille religieuse du Saint-Cœur de Marie et du
Saint-Cœur de Jésus
-
1 médaillon comportant les initiales GM de Gabriel MALIGNON, orné de fioritures
Détails du médaillon
comportant les initiales de Gabriel
2°/ Une fiche de blessures concernant Gabriel MALIGNON
Cette fiche de
blessures ou de maladies de Gabriel MALIGNON était accrochée à son corps lors
de son évacuation en ambulance de campagne. Etrangement, la fiche n’a pas été
renseignée sur sa face imprimée, mais sur son verso…
Photos de la tombe de
Gabriel MALIGNON certainement en cimetière provisoire : on peut y
distinguer sur le plat de la tombe, la couronne offerte par les camarades de
Gabriel avec la mention « Les amis
et calédoniens à leur regretté camarade tombé au Champ d’Honneur », et
celle certainement de sa famille, posée sur la croix portant la mention :
« A notre cher Gabriel »
(collection Eric MINOCCHI)
Sources complémentaires
et remerciements :
-
Archives de la Nouvelle-Calédonie
-
Livret anciens
combattants de la
Nouvelle-Calédonie
-
Madame Evelyne
HENRIOT
-
Madame Maryline
NIAUTOU
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